Quelques remarques :
- Son travail permet de penser le livre, dans une ère de changement et affirme la nécessaire et indispensable place des artistes pour digérer ces changements, rappeler la matière dont sont faites les objets qui nous entourent et dont nous oublions trop souvent l’existence. L’oeuvre d’art, sculpture, peinture, est l’élément privilégié de ce rappel, dans le travail de glorification qu’elle opère.
La statue glorifie le marbre (Maurice Blanchot, L’espace littéraire)
- Les livres sont ainsi fondus, tassés, bouillie mâchée qui rend compte d’une sorte d’autonomie, dont l’artiste fournit l’acte inaugural, mais derrière lequel il finit par s’effacer, comme pour signifier leur indépendance, comme pour dire les formes les plus folles que le livre, devenu fou, prend aujourd’hui, livre-chenille, livre-mille-pattes, corps qui réagit aux attaques qu’on lui fait, contorsions-virtuoses, à la fois expression et tension, livre qui s’étire, livre-qui-prend-la-pose, livre qui se pense en prenant conscience de son existence, c’est-à-dire du matériau qui le porte, reliures-articulations des étirements matinaux :
- Les livres tassés sont en fait des livres connectés comme des synapses dont la carte géographique est celle du cerveau, cerveau-sur-pattes, organisme autonome en roue libre :
- La bouillie-mâchée, recrachée, exhibée, est l’exacte traduction des métaphores pour dire le travail intellectuel généré par le livre. Nous disons en effet en permanence que nous « dévorons » les livres, qu’ils sont une saine « nourriture spirituelle » : et c’est ici ce qui est montré. Brian Dettmer est donc le chirurgien qui ouvre les viscères du lecteur pour trouver ce qu’elles contiennent :chirurgien qui ouvre les viscères du lecteur pour trouver ce qu’elles contiennent :
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